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« Cogito ergo sum » : ou l’importance de penser par soi-même

Un des outils pouvant favoriser l’éclosion du jugement critique et l’anéantissement radical de l’obscurantisme pourrait être une approche philosophique et personnelle du monde. Il ne s’agit pas de se gaver de tout les écrits des grands philosophes des siècles derniers et de toutes les doctrines et systèmes philosophiques comme on ingurgiterait par un pur travail de mémoire un recueil de poème, mais de trouver dans sa propre pensée et dans celles de penseurs éclairés, les idées qui nous amèneront à construire notre propre vision des choses et notre jugement critique personnel.

Il serait peut-être bon pour cela de se poser les bonnes questions en partant de soi pour décrypter le monde, sa place dans celui-ci, son rôle, ses opinions, ses envies… Acquérir une vision personnelle du monde n’est peut-être pas réservé à une élite lettrée ayant poursuivi de hautes études ou encore à celui ou celle qui posséderait un haut potentiel intellectuel. Il est probable que certains individus éprouveraient des difficultés à appréhender certaines idées à cause d’évidentes lacunes spéculatives dues à une situation de vie précaire, mais il est néanmoins possible à tous d’émettre un avis personnel sur le monde qui nous entoure.

Il est aussi de prime importance que l’on prenne du recul, que l’on fasse une mise à distance du monde de la manière la plus objective, pour refuser d’adhérer à des idées et des comportements qui ne cadreraient pas avec nos convictions profondes et une éthique universelle que nous dicte notre conscience. Beaucoup d’individus prennent certaines décisions ou adhèrent à une idéologie par mimétisme, ou par paresse intellectuelle sans se poser la question du bien fondé de la décision prise par le groupe ou de l’idéologie ambiante.

Un des grands maux amenant les individus à agir de la sorte est l’instinct grégaire qui les pousse à se conformer aux comportements ou idéologies d’un groupe de manière passive. La passivité de la pensée conduit à vivre en passant à côté de soi, à côté de la personne unique qui vit au fond de chacun d’entre nous et qui ne souhaite qu’éclore au grand jour.

Certes, on se doit de vivre en société pour ne pas subir la violence chaotique de la marginalité, mais il est nécessaire de pouvoir faire preuve d’objection face à des comportements, opinions, lois ou idées qui vont à l’encontre de valeurs garantes des libertés personnelles et collectives, mais aussi de nos convictions profondes.

Certains individus se sont sacrifiés pour des idées que la société dans laquelle ils vivaient n’adhérait pas, et bien des fois on leur a donné raison post-mortem. Mais il ne suffit pas d’imposer son point de vue sans avancer d’arguments qui prouvent son bien fondé. Il n’existe pas de vérité absolue, mais plusieurs vérités toujours relatives.

Pour citer un exemple courant, certains auront une foi inébranlable en l’existence d’un dieu et tenteront de vous en convaincre, alors que d’autres vous affirmant le contraire feront de même. Qui croire ? Cet exemple n’a pas de réponse objective, mais notre jugement permettra de trancher selon une possibilité qui cadrera avec nos convictions et c’est à nous de choisir notre point de vue en fonction nos convictions profondes. Cette illustration portant sur la foi en un dieu ou son contraire, comme on le sait bien, a été source de nombreux homicides, et démontre bien qu’une vérité absolue est bien plus néfaste face à l’acceptation de vérités relatives, qui font appel à l’approche tolérante et personnelle du monde.

Aucune vérité n’est plus juste qu’une autre, cependant il y a des comportements et des systèmes de vie plus ou moins justes pour soi et le groupe. Et c’est vers cela que l’on doit tendre pour évoluer vers une vie plus digne. Penser le monde de manière plus lucide peut inévitablement nous mener vers plus de bonheur et de justice.

Penser par soi-même est difficile dans un monde où la notion de norme est de plus en plus forte, de plus en plus coercitive, de plus en plus arbitraire. Penser par soi-même peut par ailleurs nous faire prendre conscience que la pensée de la norme ou du plus grand nombre n’est pas forcément la plus juste, mais la plus commune, la plus acceptée, la plus consensuelle. Ce n’est pas parce qu’une idée est admise par le plus grand nombre comme étant la plus juste qu’elle est la plus vraie et la plus pertinente. Une idée peut-être valable dans un contexte donné et pas valable dans un autre.

Par ailleurs, un consensus porte toujours sur un nombre limité de choix au départ, mais n’existe-t-il pas d’alternatives possibles ? Selon mon humble avis, il en existe peut-être toujours de plus pertinentes pour soi et le groupe.

Mais penser par soi-même, c’est aussi avoir la possibilité de se remettre en question, de renouveler son point de vue dans un monde en perpétuelle mutation. Savoir adapter son jugement est peut-être aussi la possibilité de pouvoir évoluer sans cesse et ne pas se terrer dans des opinions devenues désuètes et passéïstes. C’est aussi peut-être là que réside la possibilité d’acquérir la jeunesse éternelle.

Car la jeunesse « éternelle » serait l’apanage des esprits libres, des esprits qui sauront capter les mutations du monde, qui sauront s’y adapter, le critiquer, renouveler son jugement, créer, apprendre, se projeter, et cela à tout âge. Les esprits incarcérés regretteront à un âge avancé, seront nostalgiques et ne pourront voir le monde tel qu’il est de manière objective. Ils ne feront plus de liens de causalités concernant les évènements de leurs existences présentes, et vivront inéluctablement dans un passé révolu, soit une autre prison pour l’esprit.

Ainsi, penser par soi-même, c’est non seulement être en accord avec ses convictions profondes, mais c’est aussi pouvoir juger le monde avec un regard toujours nouveau, d’où une nécessité de ne pas fermer les yeux sur celui-ci, sans pour autant s’y noyer tout à fait.

Pouvoir définir le monde à travers son propre raisonnement est une des composantes permettant d’accéder à une certaine forme de pouvoir. Certes, un pouvoir non sans un certain inconfort, car à partir de ce moment-là, il faut savoir agir avec une nouvelle donne : sa propre liberté.

À propos de guypatrickblanc

Parmi plus de 6 milliards d'individus qui pensent, agissent, se battent pour exister et coexister, j'essaye moi aussi de donner du sens à ma vie. Ecrire de la fiction ne me suffit plus. Aujourd'hui, dans un monde devenant de plus en plus complexe, j'essaye d'y voir clair et de partager des pensées et réflexions peut-être partagées par d'autres, ou non. l'important n'est pas de se démarquer pour gonfler son ego, mais pour faire tenter humblement de faire avancer les choses et les individualités...

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